Le bataillon des Canaris représente des volontaires namurois de la révolution belgique (1789-1790). Il a été reconstitué en 1972 et est fort aujourd'hui d'environ 20 personnes.
Le « Bataillon des Canaris de Namur », reconnu officiellement le 16 septembre 1972 comme héritier légitime de ses valeureux ancêtres de 1789, a pour objet la défense et la promotion du folklore militaire namurois, de l’histoire de la région de Namur (Belgique), ainsi que de l’histoire de la Révolution Belgique. Il propose au public des salves, charges à la baïonnette, écoles du soldat, simulacres de combat, reconstitutions de bivouac et marches au son du fifre et des tambours. Le bataillon des Canaris est membre fondateur de l’ASBL Folknam.
En 1789, les réformes prescrites par Joseph II avaient fini par exaspérer le peuple belge. En Flandre, en Wallonie et à Bruxelles, s’était créé un mouvement patriote, qui voulait la fin du régime autrichien et l’indépendance de notre pays. Bientôt, le soulèvement éclata. Une troupe d’environ 3000 volontaires, commandée par le général Van Der Mersch, après avoir battu les Autrichiens à Turnhout, repoussa les garnisons impériales jusque dans le Luxembourg.
Ce fut la « Révolution Belgique », et la proclamation de la république des « Etats Belgiques Unis » (belgique était utilisé alors comme adjectif).
Hélas, cette première période d’indépendance dura à peine un an. Une faction politique de l’époque appelée « Statistes » s’empressa de s’approprier le pouvoir. Elle passa plus de temps à pourchasser les démocrates belges, appelé Vonckistes, qu’à fournir au jeune état une armée digne de maintenir la paix aux frontières. Malgré le courage de quelques unités, dont le Bataillon des Canaris, l’armée Belgique était défait le 28 septembre à Falmagne.
En décembre 1790, le pouvoir autrichien était restauré dans toute la Belgique.
Au qualificatif « brabançon » couramment attribué à cette révolution de 1789-1790, nous préférons celui de « belgique ». En effet, ce dernier est moins réducteur tout en conservant une distinction avec la révolution de 1830, appelée belge. Sous l’ancien régime, belgique qualifiait les états méridionaux des Pays-Bas, alors sous dépendance autrichienne.
Lorsque l’on forma le régiment de Namur, il se présenta des volontaires qui furent d’abord refusés pour insuffisance physique, défaut de taille ou d’âge. Leur volonté de servir était telle que l’on finit par les enrôler dans un bataillon spécial.
Par mesure d’économie, car on n’attendait pas beaucoup de ces volontaires petits et chétifs, on les habilla avec un drap de rebut de couleur jaunâtre. D’où leur surnom de « Canaris », qui fut d’abord plutôt un sobriquet, mais devint un nom glorieux. En effet, les Canaris firent preuve de tant de courage et d’une valeur militaire si grande, que bien vite, d’aucuns se disputaient l’honneur de servir dans ce bataillon d’élite.
Les chroniqueurs de l’époque qui nous ont conté leurs exploits ne les appellent pas autrement que « les Braves Canaris ». Ils rapportent qu’ils furent « le fléau de l’ennemi pendant toute la campagne ». L’un d’eux va jusqu’à écrire que, plusieurs fois, la seule vue de leurs uniformes jaunes suffit à mettre l’ennemi en fuite.
Leurs interventions, parachute mis à part évidemment, ressemblent fort à celles de nos « commandos », opérations préparées en secret, attaques par derrière des lignes ennemies, et retour au point de départ après le succès.
Les canaris en tant que tels sont appelés « chasseurs », en opposition à l’infanterie de ligne. En effet, l’infanterie de ligne se battait quasi totalement de manière préparée et connue de l’ennemi, dans de vastes champs, alignés et fort ordonnés, soutenus par une artillerie, supervisés ‘en direct’ par un état-major lui-même à l’abri – cela correspond en fait à la vision que l’on a souvent des combats de l’époque – tandis que le bataillon des Canaris se voyait plutôt affecté à des missions furtives et précises (peut-être de nuit) – comme les para-commandos actuels en quelques sortes. Ce bataillon d’élite créait la surprise et revenait à son point de départ une fois la mission aboutie.
Une bonne illustration de ces missions est la prise de Poilvache, près de Anhée, le long de la Meuse. Le site, ancien château médiéval situé sur un promontoire, était occupé par une batterie Autrichienne d’un canon qui avait pour but de surveiller et d’empêcher tout trafic fluvial. La mission des Canaris était de les déloger de ce point stratégique. On ne connait pas bien les détails mais il est fort probable que les Canaris eurent à escalader le rocher ou emprunter d’étroits chemins escarpés au couvert de la forêt, afin de prendre l’ennemi à revers. Cette opération fut menée avec bravoure par le Bataillon et son major Jean-Baptiste Dumonceau. Rappelons aussi que ce type de mission n’est peut-être pas étranger à la composition physique du bataillon (confer les canaris en 1790): les enfants et autres personnes jugées trop petites par l’armée conventionnelle avaient beaucoup plus d’aisance à ce faufiler subtilement et souplement.
Une autre caractéristique différenciant les chasseurs des infanteries de ligne est la longueur du fusil à silex. Les chasseurs ont un fusil moins long, c’est-à-dire beaucoup plus facile à manier et à transporter.
Les ordres et commandements du chef de peloton des Canaris furent les mêmes que ceux alors en vigueur dans les régiments de l’armée belgique, ces derniers très probablement hérités de l’armée autrichienne.
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