En 1972, il reconstitua le bataillon des Canaris.
Le départ de M. Jean Fivet, survenu ce 8 juillet 2000, a été annoncé par quelques articles élogieux dans la presse namuroise ainsi que dans divers périodiques d’informations locaux.
Pour beaucoup de ses lecteurs, plus que le rédacteur en chef de la revue Pays de Namur, il était un ami.
En guise d’exergue à l’hommage que nous désirons rendre au fondateur du « Pays de Namur », nous vous présentons quelques extraits de ces articles.
Il s’en est allé ce 8 juillet 2000, laissant dans les milieux folkloriques namurois un grand vide. Mais nul doute que là-haut il a déjà, comme il le faisait si souvent, prêté son sabre à un quelconque archange pour lui permettre de commander une salve d’honneur.
André Dubuisson, Confluent septembre 2000
Il était au folklore namurois ce que le péket est aux Fêtes de Wallonie ou Toone au théâtre bruxellois.
Jean Fivet, cet enfant de la Meuse a passé sa vie à préserver, restaurer voire améliorer le folklore de sa région. C’est qu’il avait un bel éventail de talents, Jean Fivet. Talents dont il nourrissait les racines de sa région. C’était une de ses préoccupations, laisser des traces imprimées de ses recherches sur le patrimoine namurois.
Extraits du tableau d’honneur de Bel RTL, diffusé le mercredi 12 juillet, et repris dans Namur magazine.
Il était considéré par certains comme l’âme du folklore Namurois.
Virginie Parra, Vers L’avenir, 11 juillet 2000
Lorsqu’en août 1929, Marie-Louise Severin, épouse du namurois Charles Fivet, quitte Saint Servais pour se rendre dans sa famille à Lesves, ce n’est pas pour y passer des vacances à la campagne. A l’époque, la coutume incite les futures mamans à retourner auprès de leur mère pour l’accouchement de leurs enfants.
Et c’est ainsi que le vingt août 1929 naît un petit Fivet que l’on prénommera Jean. Il est le second d’une future famille nombreuse de six enfants. Son père est percepteur des postes à Namur et sa mère ménagère.
Lesves, il y revient souvent en vacances. Pour s’y rendre, il utilise le tram vapeur des chemins de fer vicinaux qui relie alors Namur à Saint Gérard. Ces séjours, ainsi que d’autres à Berzée, Walcourt, …, lui font apprécier cette belle région d’Entre-Sambre-et-Meuse. Il lui arrive même de participer au folklore de cette région en marchant comme grenadier à la marche de Berzée.
Sa jeunesse, il la passe principalement à Namur, presqu’à l’ombre de la caserne Marie-Henriette. Plusieurs fois, à la sortie de l’institut Saint Louis, il effectue le détour par la rue Marie Henriette pour aller voir les « piots » du 13e de ligne en retour d’entraînements. Très jeune, il rejoint l’unité Scout de sa paroisse, au faubourg de Bomel. Plus tard, il y devient chef de meute (Akéla) et, par la suite, chef d’unité. Il assume cette fonction jusqu’en 1967.
Son goût pour l’histoire et les traditions locales, il le doit tout d’abord à son père qui emmenait ses enfants en promenade dans les environs immédiats de Namur et leur faisait découvrir toute la richesse du patrimoine de cette ville. Sa grand-mère et sa tante mater-nelles, vraies namuroises, lui enseignent, notamment, la dévotion à Notre Dame du Rempart et le pèlerinage des « Sept’s’églises ». Selon la coutume, ce pèlerinage était effectué une fois par an, peu avant pâques, il consistait à réciter une prière dans chacune des églises de la ville. Ce pèlerinage remplaçait un plus ancien qui voyait les Namurois « sortir hors les murs » et parcourir la campagne environnante en passant par chaque ermitage.
Ses études, il les termine à l’école des Beaux Arts de la rue du Lombard. Il y reçoit l’enseignement d’Albert Dandoy et de Mme Gérard.
Ils débute dans la « vie active » à l?administration des postes belges. Il effectue d’abord un écolage au bureau de Namur 2. C’est là qu’il rencontre Germaine Bertrand qu’il épouse en janvier 1953. Ensuite, il assure des intérims dans divers bureaux de la région namuroise. Ces pérégrinations le mènent sur toutes les routes de la province.
Dans les années 60, la poste développe à Bruxelles un service commercial et décide d?y engager un dessinateur. Il est alors muté à la capitale où il termine sa carrière en 1993.
Les premiers articles à caractère historique et folklorique, il les publiera dans la revue, dénommée « La Flamme » destinée aux membres de la troupe scout de Bomel. A côté des articles relatant la vie de l’unité et présentant le mouvement scout, il insèrera des articles racontant le passé de la ville de Namur.
Avec cette unité scoute, il organisera, à la Bourse du commerce, en 1967 une grande exposition intitulée « Raconte Namur ». A cette occasion, il est remarqué par celui qu’il considère comme le « pape de l’histoire locale » : Félix Rousseau.
C’est avec le soutien de ce dernier, qu’il publie en décembre 1968, le numéro 1 de la revue Pays de Namur, qui paraîtra jusqu’à la disparition de son rédacteur en chef en 2000.
Au début des années 1970, avec le soutien de F. Rousseau, il entre au comité central des fêtes de Wallonie. Au sein de ce comité, il participera au développement du cortège historico-folklorique « Marie Spilar » qui connaîtra des heures de gloire jusqu’au milieu des années 1980.
En 1972, avec le soutien du comité central des fêtes de Wallonie et, plus particulièrement de MM. F. Rousseau et J. Calozet, il reconstitue une unité namuroise de la Révolution Belgique, le Bataillon des Canaris. Et le 16 septembre 1972, il défile pour la première fois dans les rues de Namur à la tête des Canaris du XXe siècle, dignes héritiers de leurs ancêtres de 1790. Ce Bataillon est reconnu alors par les autorités namuroises, les responsables du comité Central de Wallonie et deux descendants du major Jean-Baptiste Dumonceau, le comte Yves du Monceau de Bergendael & le général-Comte du Monceau de Bergendael.
Il anime ce groupe pendant plus de 20 ans. En Mars 1992, il reprend le rôle du général Vander Mersch, rôle qu’il tient jusqu’à sa disparition.
En 1993, il est encore à la base d’une nouvelle animation : le défilé de la fête nationale qui rassemble des groupes de folklore militaire.
Tout au long de sa longue carrière d’historien et de folkloriste Jean Fivet publie maints ouvrages de vulgarisation. Les anecdotes tristes ou amusantes qui font le quotidien de tous les gens l’intéressent plus que la grande Histoire. Il veille cependant à replacer chacune de ces histoires dans le contexte de l’époque.
Jamais, il ne manque d’agrémenter ses textes de ses propres dessins. Ses talents d’illustrateur, il les a également mis au service de l’écrivain Arthur Masson, de 1957 à 1970.
Sa passion pour le dessin et l’histoire l’amène à produire quelques bandes dessinées racontant quelques histoires du namurois.
Il publie également un recueil de dessins humoristiques passant en revue les faits marquant de l’histoire de Namur. Chaque dessin étant replacé dans son contexte et sa vérité historique dans une seconde partie du livre.
Emmanuel Fivet