Namur 1972, depuis deux ans, le comité de quartier du théâtre, présidé par M. Claude Grapotte, organise un cortège historico-folklorique Marie-Spilaer, dans le cadre des fêtes de Wallonie. Son nom est celui de la tour visible de nos jours dans ce quartier et incluse autrefois dans une enceinte de la ville. A la suite de cette dame venue du Moyen-Âge défile dans les rues de Namur les Echasseurs, combattants sur échasses, les Masuis et Côtelis jambois, ainsi que les célèbres quarante Molons.
L’académicien Félix Rousseau membre du Comité Central de Wallonie (CCW) encourage cette initiative depuis le début. Le CCW qui préside aux fêtes de septembre soutient financièrement le cortège. En 1972, Jean Fivet, passionné d’histoire et de folklore tant militaire que namurois, propose la reconstitution d’un peloton de Canaris, gloires namuroises de la Révolution Belgique. Appuyé par Félix Rousseau, cette proposition est acceptée. Jean Fivet est chargé de la réaliser. Il se documente auprès du musée Royal de l’armée à Bruxelles.
Avec l’aide financière du CCW, il fait confectionner des uniformes par un spécialiste de Gerpinnes. Il collecte auprès d’ecclésiastiques de l’agglomération leur couvre-chef à partir desquels il confectionne des chapeaux, des tricornes à la suisse. Le budget ne prévoyait pas l’achat de vrais fusils, ni de « briquets ». Le maître d’œuvre fait appel à des artisans travaillant l’un le fer, les autres le bois pour réaliser des armes factices.
Début septembre, après quelques répétitions, le nouveau « Bataillon des Canaris » apparaît pour la première fois le 16 septembre 1972. Il est dirigé par Jean Fivet, qui reprend le rôle du « Major Dumonceau » qui commandait les Braves Canaris de 1789.
La batterie est composée de Marie-Madeleine Brasseur (fifre), de Francis Lafont et Jacques Falque, tous deux tambours. Quant aux chasseurs, à part Emmanuel Fivet, seul namurois, ils étaient pensionnaires de l’Institut Kegeljan à Salzinnes.
Sa première sortie se clôture par une prestation remarquée devant la tribune d’honneur dans laquelle ont pris place deux descendants du major Dumonceau, le comte Yves du Monceau de Bergendal, alors bourgmestre d’Ottignies et le Général aviateur du Monceau de Bergendal. Avec le Président du CCW, Jacques Calozet et le bourgmestre de Namur, Emile Lebrun, ils signent l’acte de reconnaissance officielle du Bataillon des Canaris. Par cette charte, ce dernier y est reconnu officiellement comme légitime héritier de leurs valeureux ancêtres de 1789.
Grâce à l’efficacité du premier trésorier, Maurice Falque, le peloton de départ s’étoffe rapidement. De nouveaux costumes sont taillés. Les faux fusils sont remplacés par des vrais fusils à amorces. Les cartouchières, simples planches de bois recouvertes de skaï lors des premières prestations, sont remplacées par des sacoches de cuirs. Les briquets factices en bois font place à de véritables reconstitutions.
Les premiers volontaires de l’Institut Kegeljan sont vite rejoints et, petit à petit, remplacés par des Namurois. Un porte-drapeau et son escorte est adjoint au groupe. Dans un premier temps celui-ci porte un drapeau tricolore belge actuel. Il sera remplacé par la suite par un drapeau spécifique au Bataillon. Ce drapeau contient en son centre la partie du blason des du Monceau reprenant trois canaris et la devise de notre groupe «Nec Jactantia, Nec Metu».